Mineurs et droit pénal: l’évolution de la législation française

Le droit pénal des mineurs est un domaine en constante évolution, qui suscite régulièrement des débats tant au niveau national qu’international. Quelle doit être la place des mineurs dans le système pénal ? Quelles sont les spécificités du droit pénal applicable aux mineurs et comment a-t-il évolué au fil des années ? Cet article vous propose de faire un tour d’horizon de ces questions, en analysant les différentes facettes de la législation française en matière de droit pénal des mineurs.

Le principe d’atténuation de la responsabilité pénale des mineurs

Le droit français a toujours accordé une attention particulière à la situation des mineurs dans le système pénal. Depuis le XIXe siècle, le principe d’atténuation de la responsabilité pénale des mineurs s’est imposé comme un pilier central du droit pénal français. Ce principe est consacré par l’article 122-8 du Code pénal, qui dispose que « La responsabilité pénale des mineurs est engagée selon les modalités prévues par l’ordonnance n° 45-174 du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante ». L’idée sous-jacente à ce principe est que les jeunes délinquants doivent bénéficier d’un traitement spécifique et adapté à leur âge, qui tienne compte de leur maturité et de leur capacité à comprendre les conséquences de leurs actes.

L’ordonnance de 1945: un texte fondateur pour la protection de l’enfance

L’ordonnance du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante est le texte qui régit encore aujourd’hui le traitement judiciaire des mineurs délinquants en France. Cette ordonnance, qui a été modifiée à de nombreuses reprises depuis sa promulgation, pose les principes fondateurs du droit pénal des mineurs : la primauté de l’éducatif sur le répressif, la prise en compte de la personnalité du mineur et l’individualisation des peines. Ainsi, les juges disposent d’un large éventail de mesures éducatives pour sanctionner les mineurs délinquants, allant du simple avertissement à l’internement dans un centre éducatif fermé.

Les évolutions législatives depuis les années 2000

Depuis le début des années 2000, plusieurs lois ont été adoptées pour modifier le régime juridique applicable aux mineurs délinquants. Ces réformes ont notamment visé à renforcer la lutte contre la récidive et à adapter le droit pénal des mineurs aux nouvelles formes de délinquance. Parmi ces lois figurent :

  • La loi n° 2002-1138 du 9 septembre 2002 pour la prévention et la répression des infractions sexuelles ainsi que pour la protection des mineurs, qui a instauré un suivi socio-judiciaire spécifique pour les auteurs d’infractions à caractère sexuel sur mineurs.
  • La loi n° 2004-204 du 9 mars 2004 portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité, qui a créé les centres éducatifs fermés et les peines-plancher pour les récidivistes.
  • La loi n° 2011-267 du 14 mars 2011 d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (LOPPSI 2), qui a introduit la possibilité pour le juge des enfants d’ordonner une mesure de contrôle judiciaire spécifique pour les mineurs multirécidivistes.

La réforme en cours: vers un nouveau code de justice pénale des mineurs

En réponse aux critiques formulées à l’encontre du système actuel et dans un souci d’harmonisation avec les normes internationales, le gouvernement français a lancé en 2018 une réforme visant à créer un nouveau code de justice pénale des mineurs. Ce projet, qui doit entrer en vigueur en septembre 2022, prévoit notamment :

  • La suppression des peines-plancher pour les récidivistes.
  • L’instauration d’un seuil d’irresponsabilité pénale fixé à l’âge de 13 ans.
  • Le renforcement des garanties procédurales pour les mineurs lors de l’enquête préliminaire et de l’instruction.
  • La création d’une procédure judiciaire spécifique pour les mineurs, avec un juge des enfants compétent pour prononcer des mesures éducatives et des peines.

Le droit pénal des mineurs en France est donc en pleine mutation, et les débats sur l’équilibre entre protection de l’enfance et lutte contre la délinquance sont loin d’être clos. Il appartient aux professionnels du droit, aux institutions et à la société dans son ensemble de veiller à ce que les droits fondamentaux des mineurs soient respectés et que leur réinsertion sociale soit une priorité.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*